DEFINITION

La Nosémose est une maladie des abeilles adultes, les trois castes peuvent être atteintes (ouvrières, mâles, reine). La Nosémose est une maladie dont l'agent causal est un protozoaire (organisme microscopique unicellulaire). Il existe deux types de Nosémose en France aujourd'hui :
- La Nosémose de type A induite par Nosema apis,
- La Nosémose de type C induite par Nosema ceranae (aussi appelée Nosémose sèche).

Nosema apis est connue depuis près d'un siècle (1907, Zander) alors que Nosema ceranae a été identifiée plus récemment (1996, Fries).
Ces deux pathogènes sont présents dans le monde entier, N. ceranae est en France depuis au moins 2002 (Chauzat, 2007). N. ceranae est issue d'Asie et dans certaine région du monde supplante N. apis (Paxton, 2007).

Beaucoup de recherches sont menées actuellement sur cette maladie et il existe encore beaucoup de points méconnus, voire des points avec lesquels la communauté scientifique est en désaccord.

La nosémose de type A, engendrée par N. apis, est actuellement (avril 2015) considérée comme un danger sanitaire de première catégorie (anciennement Maladie Réputée Contagieuse, MRC). Lorsque un apiculteur constate ou suspecte un cas de Nosémose dans ses colonies il doit contacter le plus rapidement possible les autorités sanitaires (en département : les DD(CS)PP, pour Direction Départementale (de la Cohésion Sociale) et de la Protection des Populations). Il est conseillé aussi de contacter l'organisme départemental chargé du sanitaire apicole (Section apicole de GDS, GDSA). Les personnes mandatées par l'Etat prendront alors les mesures de police sanitaire nécessaires.

Ces protozoaires sont présents sous deux phases :
- Une phase de résistance lorsqu'ils sont en dehors de leurs conditions idéales = spore
- Une phase végétative lorsqu'ils se trouvent dans l'intestin moyen des abeilles adultes

La Nosémose a été observée plusieurs fois en association avec d'autres agents pathogènes comme varroa, des virus (BQCV), amibiase (maladie du tube digestif). Des études montrent la synergie de ce pathogène avec certaines molécules utilisées comme pesticide.
D'une certaine manière, les symptômes de la nosémose apparaissent lorsque la colonie connait des conditions défavorables.

 

BIOLOGIE

Les abeilles ingèrent des spores de Nosema spp. via une source contaminée. On considère d'après des tests en laboratoires qu'il faut entre 20 et 90 spores pour engendrer des symptômes cliniques chez une abeille adulte.
Les spores germinent dans le ventricule (intestin moyen) de l'abeille, c'est-à-dire qu'ils passent en phase végétative su qui entraine le processus de multiplication. Un filament sort de la cellule de Nosema spp et transperce une cellule épithéliale intestinale de l'abeille. Le matériel biologique du pathogène nécessaire à la multiplication pénètre dans la cellule. La multiplication entraine la mort de la cellule épithéliale qui éclate et déverse des millions de spores dans le ventricule pouvant à leur tour infester d'autres cellules épithéliales. Une partie des spores se retrouvent dans les fèces et contaminent les cadres (si à l'intérieur de la ruche) et les abeilles nettoyeuses.
Ce processus au sein du ventricule engendre une inflammation du système digestif de l'abeille. Les mécanismes de digestion sont perturbés provocant un affaiblissement de l'abeille (mauvaise assimilation des aliments), une diminution de la longévité, diarrhée et constipation (accumulation des spores dans le ventricule). Les traces de diarrhées sont riches en spores et sont donc des sources de contamination.

Les abeilles âgées (butineuses) sont plus sujettes aux symptômes de la nosémose car elles ont eu le temps d'accumuler des spores et les cellules de leur intestin ont plus de mal à se régénérer. Ces dernières meurent en dehors de la ruche d'où la dépopulation de la colonie.
En cas de forte infestation, lorsque les jeunes abeilles sont atteintes, leur métabolisme est perturbé influant sur la qualité de la gelée nourricière ce qui lèse les larves en cours de nourrissement.
Il semblerait que certaines souches d'abeilles soit plus sensibles que d'autres à la Nosémose (Caucasiennes, italiennes Kiliani, 1999).
La reine peut être atteinte, l'impact sur son métabolisme peut provoquer une diminution voire un arrêt de sa ponte ainsi qu'une diminution de sa production de phéromones. Une supersédure est une conséquence de la Nosémose (notamment avec N. ceranae).
Les abeilles fortement infectées ont un abdomen gonflé, des troubles de comportement apparaissent. On peut observer des abeilles trainantes, des abeilles en dehors de la ruche accrochées aux brins d'herbe incapables de voler. Les abeilles encombrent le trou de vol.
JP Faucon rapporte un comportement proprement lié à la nosémose observable sur la planche d'envol : les abeilles sont disposées en soleil et son en contact trophallaxique.

Bien que contagieuse une guérison spontanée de cette maladie n'est pas rare.

Les spores de nosémose résistent :

1 min A 59°C
24-32h Au soleil
5-6 semaines       Dans les cadavres des abeilles
2-4 mois Dans le miel
Plus d'un an Dans les fèces

 

FACTEURS FAVORISANTS

La Nosémose est une maladie opportuniste. Le seul fait d'ingérer des spores ne suffit pas pour que la maladie se déclare, il faut qu'il y ait certaines « mauvaises » conditions qui se rajoutent pour engendrer les symptômes.

Il existe plusieurs situations qui peuvent favoriser cette carence :

Facteurs environnementaux Hiver long et humide entrainant un confinement
Période pluvieuse entrainant un confinement
Environnement chimique Synergie avec certains pesticides
L'apport alimentaire Attention aux hivernages sur miellat
Attention aux nourrissements liquides en hiver
La génétique Certaines races sons plus sensibles (caucasienne, italienne)
La mauvaise aération des ruches L'humidité dans la ruche peut entrainer la maladie
Association avec d'autres pathogènes     Synergie avec certains virus, varroose facteur favorisant


Les mauvaises pratiques apicoles sont aussi des facteurs pouvant induire la nosémose :
- ne pas changer régulièrement les cadres par des neufs (les vieux cadres accumulent les contaminants au fur et à mesure)
- ne pas nettoyer et désinfecter son matériel (l'idéal serait de le faire entre chaque ruche, mais le minimum est de le faire entre chaque rucher)
- nourrir avec du miel et/ ou du pollen potentiellement contaminé
- faire des échanges entre ruchers
- la présence de ruche malade dans le rucher (mauvaise réactivité de l'apiculteur)
- l'import d'essaims potentiellement malades

Remarque : Une trop forte densité de ruches dans un rucher est source de dérive et encourage au pillage. Ces deux comportements sont des vecteurs non négligeables de la plupart des maladies apiaires dont la nosémose.

 


SYMPTOMES ET DIAGNOSTIC

Quels sont les signes cliniques observables en cas de Nosémose ?

En dehors de la ruche    Mortalité au pied de la ruche (printemps)
Abeilles accrochées aux brins d'herbe, incapable de voler
Traces de diarrhée sur l'extérieur du corps de ruche

caractéristique

(parfois absence : N. Ceranae)

Sur la planche d'envol    Traces de diarrhée caractéristique
Excitation anormale (encombrement, houspillage)
Abeilles tremblantes
Abeilles à l'abdomen gonflé
Dans la ruche    Traces de diarrhée sur les cadres caractéristique
Colonie faible
Dépopulation malgré des réserves
Groupe d'abeilles disposées en soleil (langue tirée, pour un contact trophalactique) caractéristique

Le diagnostic terrain n'est pas évident. Il est possible de confondre avec une dysenterie passagère, ou d'autres maladies voire intoxication.

Attention !
Le diagnostic sur le terrain n'est qu'un diagnostic de suspicion. Le diagnostic de certitude se fait au laboratoire. Il existe différentes méthodes d'analyse en laboratoire :
- Comptages des spores dans les abeilles
- PCR (Polymerase Chain Reaction) : méthode onéreuse mais très fine.
- Comptage de spores dans le miel.

La différenciation au microscope entre N. apis et N. ceranae et assez délicate. Parfois les laboratoires ne précisent pas quelle Nosémose est présente.

La présence de Nosema spp dans un prélèvement ne signifie pas qu'il y a maladie, il faut savoir s'il y a des symptômes caractéristiques associés.

Que faut-il prélever pour les analyses en laboratoires ?

Des abeilles prélevées dans la ruche        minimum 100
Du miel et du pollen pour une PCR ou un comptage

Le test de l'intestin :
Du fait que cette maladie siège dans le ventricule de l'abeille, une altération de l'aspect de ce dernier peut avoir lieu. Ainsi il existe un test simple pour observer l'intestin de l'abeille : il suffit de lui couper la tête et on tire sur l'abdomen pour extraire l'intestin.
   - En général, une abeille saine a un système digestif de couleur brun-rouge (présence de pollen)
   - Une abeille fortement atteinte aurait un ventricule blanc laiteux voire translucide.
Ce test n'est pas encore prouvé scientifiquement et n'est pas concluant à lui tout seul.

Comme la Nosémose est une maladie « opportuniste » il serait intéressant de chercher l'élément déclencheur (météo, sirop, ...).


TRANSMISSION

La propagation de la maladie peut se faire à plusieurs niveaux :

A l'intérieur de la ruche D'une abeille à une autre lors de la trophallaxie
Les cadres trop contaminés
Des spores dans le miel
Entre les ruches d'un même rucher Par pillage
Par dérive
Utilisation de matériel contaminé
Nourrissement avec du miel et/ou du pollen contaminé
Par échange de cadres
Entre les ruchers Installation d'un essaim malade
Furetage
Par pillage
Utilisation de matériel contaminé
Nourrissement avec du miel et/ou du pollen contaminé
Lors de transhumance
Proximité d'un rucher abandonné ou mal géré

 


CONDUITE A TENIR ET TRAITEMENT

En cas d'anomalie sur vos colonies contactez la structure qui s'occupe du sanitaire apicole locale (GDSA ou Section apicole de GDS, voir coordonnées).
L'usage des antibiotiques bien que (trop) répandue est interdite en France. De plus ils sont inefficaces contre la forme spore.
La fumagiline a été utilisé mais elle ne dispose pas d'AMM en France actuellement (2015).
La fumigation à l'acide acétique est pratiquée, mais il n'existe aucune confirmation scientifique des effets positifs de cette technique.

Le traitement passe donc par des techniques apicoles et va dépendre du stade de la maladie. La mesure à suivre sera prise par le (la) représentant(e) de l'autorité compétente.
Plusieurs options existent :

Nosémose diagnostiquée très tôt (pas facile) - Nourrir, pour lancer le développement de la colonie
Si le stade est un peu plus avancé et que la colonie est forte (hors hivernage) - Transvaser sur cires neuves (voir procédé plus loin)
- Nourrir deux jours après
Si la colonie est très atteinte - Supprimer la colonie (mèche soufrée)
- Détruire les cadres et les abeilles mortes
- Désinfection du corps de la ruche (s'il est encore en bon état)


La destruction des colonies est indemnisée en partie par l'Etat, si vous avez fait la déclaration via votre DDPP et qu'il s'agit de Nosema apis.
Dans tous les cas l'apiculteur doit faire une visite approfondie (cadre par cadre) de toutes les colonies du rucher potentiellement infecté. Une deuxième visite est conseillée pour observer d'éventuels nouveaux cas dans le rucher.

Pour se débarrasser des spores de Nosema dans la cire, il faut la faire fondre à 100°C pendant au moins 30 minutes.

PREVENTION

ACTION IMPACT
Remplacer au minimum trois cadres par an dans vos ruches avec des cadres neufs Les spores peuvent s'accumuler dans les cires et contaminer la colonie
Eviter la dérive, en limitant la densité des ruches dans votre rucher Pour éviter la transmission de la maladie d'une ruche malade à une ruche saine
Eviter le pillage, en surveillant régulièrement les ruches afin de soigner, retirer (rucher de quarantaine) ou détruire les ruches malade Pour éviter la transmission de la maladie d'une ruche malade à une ruche saine
Faire attention à l'emplacement Eviter les endroits humides et ombragés
Faire attention à l'aération Utiliser des planchers et de supports adaptés (le plancher grillagé est très intéressant)
Maitriser l'infestation de varroa Pour ne pas nuire au développement des glandes hypopharyngiennes des nourrices
+
Pour ne pas avoir une diminution du nombre d'abeilles durant l'hiver
Ne pas hiverner sur miellat Pour éviter des problèmes intestinaux
Désinfecter son matériel apicole (lève-cadre, gants, enfumoir, habit,...) Pour ne pas être un vecteur de la maladie

Eviter l'utilisation de la brosse à abeille et favoriser l'utilisation de fougère ou autres herbes présentes dans le rucher, voire l'utilisation de plumes
La brosse touchant les cadres des colonies, elle peut être contaminée et disséminer les spores dans d'autres ruchers
Sélectionner ou se procurer des souches moins sensibles La génétique de la race peut augmenter la sensibilité (caucasienne, italienne)
Effectuer régulièrement des visites sanitaires de ses ruches (minimum trois dans l'année) Plus tôt la maladie est détectée plus facilement elle est gérée (et la colonie sauvée)
Maintenir des colonies fortes et équilibrées  Une colonie forte fait plus facilement face à ce genre de maladie et peut parfois s'en sortir toute seule

 




 

 

 

 

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